« Justice pour tous! » La Milice

L’elfe au visage décharné par les brûlures du voile ne voyait devant lui qu’une créature à la beauté transcendant les âges, son visage était le plus beau qu’il n’avait jamais vu, ses cheveux éclatant tel le feu éclairant la nuit. Elle n’était point humaine, de ce fait il en était assurément convaincu, hélas ses connaissances sur les créatures mystérieuses s’arrêtaient à de simples suppositions. Lorsque celle-ci entreprit de lécher le sang s’écoulant de ses blessures il devina sans grande difficulté qu’il s’agissait d’un vampire. Vahamon cria alors avec l’énergie du désespoir, si fort que la créature des ténèbres disparut de son champ de vision. L’elfe n’était cependant aucunement sot, il savait que ses cris n’avaient rien à voir avec le départ de cette créature, mais il ne pouvait s’empêcher de se réconforter dans cette illusion passagère, le délivrant ainsi de l’impuissance dans laquelle il était confiné. Le corps tremblant, il sentit des larmes couler sur ses joues, la douleur était si forte, la mort si prêt, durant plus de deux heures il avait été agonisant, sans qu’aucun de ses *compagnons* d’infortune ne daigne tenter de le soigné, comment pouvait-il espérer survivre? Ils l’avaient laissé rejoindre une vampire, désiraient-ils sa mort ou sa survie? Cette question était légitime alors que l’être malodorant s’approcha à son tour de lui.

Ce monstre d’infortune, cette créature indésirable à bien des égards perdit un temps précieux à le faire chanter, lui dévoilant des faits qu’il connaissait déjà, lui susurrant que sa vie avait un prix et que si il désirait survivre, il devrait lui faire une proposition. Vahamon plissa les yeux, si il n’avait pas été agonisant, la créature plumée tremblerait de terreur devant sa puissance. Il le ferais payer un jour, il le capturerait et l’exhiberait devant tous comme étant un monstre de foire! Il le briserait, avec toute l’immoralité que son âme pouvait receler, une vie n’avait pas de prix, le demander était insensé, une vie était sacrée et ce misérable osait le faire chanter. À son grand regret, il n’eut cependant pas le temps de lui répondre et même si il l’avait voulu, son état était trop critique pour qu’il puisse risquer une braverie inutile. C’était exactement ce point précis que le maître corbeau avait oubliée, la diplomatie était une arme beaucoup plus efficace que les menaces ou encore que l’extorsion, un jour Vahamon serait totalement guérit et lorsque ce même jour arriverait le corbeau perdrait de ses plumes. Provoquer un maître de l’esprit était une activité dangereuse, un passe-temps qui pouvait s’avérer mortel en d’autre circonstance.

Méditant soigneusement une vengeance future, son esprit occupé ignora la douleur quelques instants jusqu’à ce que brusquement, le maître corbeau se fasse poussé dans le vide. L’elfe eut un sombre sourire, un sourire qui disparut aussitôt que son regard croisa celui qui apparut au dessus de lui. L’infâme bourreau des elfes et des nains, celui qui maintenait d’un règne de fer les elfes sous le seuil de la pauvreté, celui qui extorquait l’habilité des nains à forger des armes pour ensuite les retourner contre ceux qui les avaient construites. Il avait devant lui, l’homme le plus détesté des décombres, Uldrik Beverk, connus de tous et crains par tout ceux qui s’aventuraient dans les décombres. Grâce à lui, la paix régnait allègrement, les elfes évitaient toutes manifestations de leurs mécontentements dans les décombres et ce déplaçait volontiers pour ne plus être sous la juridiction de se bourreau. Il était l’incarnation première de tout ce que les elfes et les nains détestaient chez l’homme! Paniquant, l’elfe tenta de ramper vers le vide, il préférait de loin mourir que d’être capturer par ce hideux personnage, il n’eût malheureusement pas le temps d’exécuter son suicide, le chef de la milice le souleva comme si il n’avait été qu’une simple poche de blé et il l’appuya sur ses épaules avant de partir en toute hâte vers un endroit que l’elfe ne connaissait que trop bien.

Se débattant tel un forcené, il frappa violemment le dos de son kidnappeur malgré la lourde armure qu’il portait sous sa toge d’un noir immaculé. Les mains du maître de l’esprit s’endolorirent à force de se débattre, et bien qu’il savait que c’était complètement inutile, il devait, pour sa propre santé mentale se convaincre qu’il ne pouvait rien faire de plus. La tête vers le sol, il observait derrière lui les miliciens vêtus en criminel l’observer et rire allègrement de sa situation, ces misérables et exécrables bouffons de l’autorité discutaient à voix haute du sort que leurs chefs réserveraient au petit elfe dont le visage était brûlé. Certains mentionnèrent le supplice de du feu, d'autres la torture dans toute sa simplicité et un dernier qui finalement croyait qu’il allait être simplement tué. Vahamon se rassura en se disant que si le chef de la milice avait voulu simplement l’achever, il ne se saurait pas donné autant de mal. Il ne comprenait pas cependant ce que celui-ci désirait, il n’avait en sa possession aucun élément pouvant faire tomber la milice et la seule chose qu’il désirait était de confronter le conseil de Terrebelum afin d’obtenir le poste de conseiller elfique.

Déconcerté, Vahamon adopta la stratégie de celui qui savait tout, dans sa position il devait se montrer indispensable afin de préserver son existence, si il devait bluffer pour survivre, l’elfe le ferait sans aucun problème jusqu’à ce que plus aucun recours ne se présente à lui. Ils arrivèrent finalement à l’endroit que Vahamon redouté le plus, la forteresse de la milice, fait de pierre apprêtée selon les méthodes naines d’une manière des plus désagréables pour ceux qui se retrouveraient confiné dans cette même forteresse. D’une grimace bien maladroite, il tenta une dernière fois de se débattre sans succès et le résultat en fût des plus désastreux. Le chef de la milice l’empoigna sans aucune délicatesse et le projeta dans une sombre cellule sur ce qui semblait être un lit de fortune fait de paille et d’autres matériaux que l’elfe préférait ne pas connaître. L’elfe était véritablement extrait de son confort habituel, la richesse de sa famille était à présent bien lointaine et le sang s’écoulant de ses blessures de faisait qu’ajouter à son inconfort. Comble du désespoir, Uldrik le força à avaler une mixture répugnante, presque aussi déconcertante que l’odeur à laquelle il avait été confronté en côtoyant le monstre pouvant se changer en corbeau. Quelques heures passèrent durant lesquels Vahamon plongea dans un profond sommeil, et durant lesquels ses habits furent changés, ses plaies soignées et son énergie restaurée. Lorsqu’il se réveilla, Uldrik était toujours à ses côtés, l’observant avec un étrange sourire, les paroles qu’il prononça alors le fît sursauter.

« Zekal Vostros prononça Uldrik avec sévérité, je dois vous entretenir d’un sujet délicat… Votre maison, vos serviteurs ainsi que tous vos biens ont péri, il y quelques heures dans un incendie des plus tragiques, vos recherches ainsi que ce qui restait de votre fortune personnelle a été dérobé. Nous avons interrogé plusieurs témoins de l’incident, et le suspect le plus probable portait d’amples habits noir ainsi qu’un étrange masque de fer… Comprenez-vous le sens de mes mots? « Vahamon »?

L’elfe resta un instant bouche bée, ses yeux d’un rouge luisant voyaient parfaitement les traits du chef de la milice dans l’obscurité, son visage plissé armé d’un sourire aux insinuations parfaitement élaborées. Vahamon resta un long moment silencieux, se remémorant les visages des seules femmes avec lesquels ils avaient passé de longues nuits mouvementées à jouer à divers jeux d’adulte, utilisant sa magie à des fins particulières. Ces concubines étaient à présent mortes, brûlées vives, son cœur se déchira douloureusement alors que des larmes d’impuissances s’écoulèrent de ses yeux. La puissance du voile s’écoulait à travers lui comme un torrent déchaîné ne demandant qu’à être relâché, quelle justice y avait-il dans ce monde? Si il n’avait été dans cette prison, dans ce bâtiment il aurait tué de sang-froid Uldrik à l’aide de sa magie avant même que celui-ci ne puisse appeler la garde. Hélas, il n’était pas dans une position pouvant avantageuse et un acte comme celui-ci ne lui causerait que d’avantage de souffrance. Son regard se porta attentivement sur l’arme de son geôlier, il imagina un instant la retourner contre lui et en finir avec ses jours, étrangement une force invisible l’empêchait d’exécuter cet acte suicidaire? Était-ce sa propre volonté, son désir de vivre ou encore une force inconnue qui le restreignait d’un pareil acte? Il n’aurait su le dire avec certitude.

« Pourquoi, vociféra l’elfe avec agressivité, pourquoi m’avez-vous sauvez si ce n’est que pour m’annoncer la destruction de mes biens et le meurtre de mes serviteurs? N’avez-vous aucune décence? N’avez-vous aucun honneur? »

« L’honneur, s’écria le milicien avec force, est ce par quoi tous les fous se font tuer! Ma mission est de protéger notre citée des sous-races dans votre genre et d’éviter que votre peuple essais de se rebeller contre notre hospitalité une seconde fois. Vous avez tué nos ancêtres, notre noblesse plongeant Terrebelum dans le chaos durant de nombreux siècles jusqu’à ce qu’une nouvelle noblesse émerge finalement! Si Shiliak avait eu vent de ce chaos, ils en auraient profité pour nous achever! Je ne laisserais aucun elfe ou nain fomenter une révolte à l’intérieur de ma cité, quelles que soient les méthodes que je devrais employer! »

« Vous êtes un fou, déclara Vahamon d’un ton acerbe, vous avez assassiné mes serviteurs, car il représentait une menace pour vous? Nous sommes des habitants de Terrebelum à part entière! Vous ne pourrez jamais nous supprimer, nous vous avons donné notre magie, nous vous avons partagés nos connaissances et regarder ce que vous faites? Vous tuer, exproprier, extorquer mon peuple sans aucun remords! Croyez-vous que c’est ainsi que vous préserverez la paix? Croyez-vous que c’est ainsi que vous obtiendrez mon silence? Vous avez détruit tout ce à quoi je m’étais attaché en ce monde… je n’ai plus rien à perdre! Vous ne me ferais jamais taire, exécrable créature des enfers! »

D’un bond, Uldrick plongea sur l’elfe et dans un rugissement terrifiant il abattit son arme à quelques centimètres à peine du maître de l’esprit. Celui-ci se recula le plus loin possible dans un coin et resta immobile de longues minutes avant que le chef de la milice s’approche de lui lentement ayant toujours en main la terrifiante hache de guerre qui avait sans doute déjà achevé plusieurs de ses semblables, Vahamon se senti soudainement envahie par la peur, il n’avait pas encore tout perdu, il lui restait une chose essentielle, sa vie. Alors qu’il constatait son propre désire de vivre malgré son cœur endolori, le chef de la milice lui lança au visage son propre masque de fer et dans un élan digne de la gracieuseté d’un orque il le frappa violemment d’un coup de pied dans les côtes.

«Je n’ai tué personne, déclara-t-il avec un sourire malsain,ces *vous* qui les avez tués! Votre masque de fer en témoigne, nous l’avons retrouvé sur les lieux du crime! Cela n’a pas été dur à mettre en scène croyez-moi, l’un de nos agents à récupérer votre masque lorsque vous l’avez lancé à travers la foule et nous l’avons déposé soigneusement prêt des lieux du crime. Un *témoin* de votre race là précisément trouvé. Aux yeux de tous vous serez coupable de se crime, la vérité à que peu d’importance lorsque vous ne pouvez la prouvé! Soyez assurez *Vahamon* que je suis déterminé à faire de votre vie un véritable enfer, vous n’avez pas encore tout perdu, votre vie vous appartient… Mais en échange vous devrez exécuter une mission le moment venu. N’oubliez pas que nous sommes plus puissants que vous, que nous possédons des moyens infinis et que dans la balance nous détenons des *preuves* de votre crime. Vous serez bientôt libre Vahamon, car nous avons besoin d’un elfe possédant votre capacité de persuasion, sachez bien qu’en définitive nous pouvons être tous les deux gagnants, mais seul vous pourrez véritablement être perdant. Nous pouvons vous discréditer, vous et vos compagnons, d’un simple geste. Je vous laisse maintenant à vos réflexions, prenez cette dague et si vous refusez notre offre tuez-vous sur-le-champ autrement, nous, nous en chargerons. »

L’elfe bouillait d’une puissante rage à l’intérieur de lui motivé à la fois par la peur de cet homme ainsi que par sa propre impuissance face à cette situation. Il n’avait pourtant pas le choix, il devrait obéir au chef de la milice ou mourir. N’ayant pas la volonté nécessaire pour achevez ses jours, il ne voyez d’autres solutions que de trahir sont peuple dans l’espoir de survivre. Il n’avait aucune idée de ce que le chef de la milice lui demanderait de faire, mais il savait que quoi qu’il lui demande, il n’aurait pas le choix. Seul dans l’ombre de sa cellule, il médita afin de canaliser la puissance du voile, bien qu’il ne pouvait rien contre la milice, lorsqu’il serait libre il se vengerait contre celui qui aurait pu le sauver et qui n’en avait rien fait : le garou. Cette pensée le réconforta, l’idée d’une quelconque vengeance l’empêchant d’ouvrir les récentes blessures de son cœur, il se concentrait sur cette idée avec une volonté de fer, quelques choses de malsain envahissait peu à peu son esprit…

HJ: Notez que Vahamon demeure dans l'état physique ou il était avant le dénouement qui se passera dans le voile et que par conséquent qu'il n'a pas plus d'avantage qu'il n'en avait avant malgré ce que le *personnage* en lui-même peux penser. Si vous voulez plus de détails contactez-moi en mp.

Dans la plus sombre des cellules de la prison que renfermait la milice de Terrebelum, un elfe observait les quatre murs qui se dressaient contre lui. Jamais il n’avait eu la malchance de voir d’aussi prêt la pureté du travail de la pierre que pouvait offrir le peuple des nains. Délicatement, Vahamon se départit de ses gantelets en cuir de serpent et caressa le mur avec une douceur dont seul le peuple des elfes était en mesure de faire preuve. Ses yeux rougeoyants de tristesse il se remémora lentement le visage de chacune des servantes qui avaient tour à tour accepté d’êtres ses maîtresses. Jamais toutefois il n’était tombé amoureux au point de demander la main de l’une d’elles, ils avaient convenu que seul le plaisir serait leurs occupations et qu’il n’y aurait aucune place pour les sentiments. Le visage de l’elfe se déconfis, ses yeux s’embrouillèrent et la douceur qui avait animé le bout de ses doigts se transforma rapidement en un torrent de rudesse, frappant le mur de toutes ses forces il laissa déversé un flot de larmes qui ne s’arrêta que lorsque ses poings furent imbibés de sang. Par ses actions il avait causé la mort de ses servantes, il avait fait d’elles des victimes de choix pour ce monstre impitoyable qu’était Uldrik. Les deux hommes auraient un jour, un grief à résoudre, mais malheureusement pour Vahamon ce ne serait point avant un long moment.

L’elfe se dévêtit entièrement, de nombreuses brûlures parsemaient son corps, des brûlures que l’œil averti pouvait qualifier de magique tendis que le profane n’apercevrait que de vulgaires brûlures armées d’indésirable cicatrices. Nue tel un vermisseau, il marchait lentement dans sa cellule afin de reprendre ses esprits, sa colère était pourtant si passionnée qu’il lui semblait impossible de se contrôler, des cris de désespoir s’échappaient de son orifice buccal, des larmes s’écoulait de ses yeux ne faisant qu’alimenter la douleur palpable à la surface de son épiderme facial. L’homme tomba à genoux, l’organe pendant frappa le sol, chose qui normalement aurait provoqué une douleur infernale, lui semblait bien loin comparé aux ressentiments qu’il ressentait vis-à-vis une situation qu’il ne contrôlait plus. Ses yeux humidifiés par les pleurs, il prit d’une main décisive la dague que lui avait laissé le chef de la milice, son regard transcendant l’acier, il pouvait voir le reflet de son hideux visage au travers de se métal lui brûlant le cœur. Les pleurs cessèrent finalement, sa main resserrant la garde de la dague plus férocement, il l’approcha de sa gorge d’une main tremblante.

Hésitant, il appuya la lame sur sa gorge, de sa main libre il devait maintenir son avant-bras afin de maîtriser les spasmes de souffrance qu’il éprouvait douloureusement. Le bout de la lame entailla lentement l’épiderme de sa gorge, son cœur trembla de peur à l’idée du destin qui l’attendrait. Dans un spasme beaucoup plus violent que les autres, il échappa la lame sur le sol et dans un cri de rage il l’envoya valser contre le mur qui se trouvait en face de lui. La lame de la dague que le Chef de la milice lui avait laissée était émoussée et au contacte de la lame, la peau ne se découpait point, mais ne se déchirait, causant ainsi une douleur insoutenable, aucun être humain n’aurait pût achever sa propre vie à l’aide d’une telle lame. Dans une colère noire, il déferla sa magie avec une habilité remarquable, projetant son propre corps contre les parois rocheuses de son cachot, l’impact n’était à chaque fois douloureuse, mais cette même douleur n’était rien en comparaissons de ce qui le rongeait à l’intérieur, son âme en était à jamais brisée, son cœur inaltérable, il achèverait sa vie d’une manière ou d’une autre. Il se projeta une dernière fois contre le mur, cette fois la tête première, l’impacte décuplé par sa puissante magie, il sentit son crâne se fendre légèrement et il s’effondra brusquement sur le sol, son cœur arrêta alors de pomper le sang à travers son corps, son esprit lui était pourtant bien vif..

Zekal Vostros ouvrit les yeux dans une pièce qui n’était pas celle dans laquelle il s’était effondré, cette même pièce n’avait aucun mur, en fait il se demandait si c’était réellement une pièce. L’infinie semblait être une chose commune en ces lieux alors qu’il ne semblait y avoir aucun commencement ou fin à cette même pièce. Flottant près de lui toutefois se retrouvait un miroir lui renvoyant son exécrable reflet, le reflet semblait le jugé, jugé les actions qu’il avait commises et ce ne fût que trop tard qu’il comprit ce qui se passait. Son propre reflet évolua alors à une vitesse effarante, pénétrant jusqu’à l’extérieur du miroir, il se rapprocha dangereusement de lui alors que l’elfe ne pouvait en être que terrifié. Il connaissait cette chose, il se rappelait à présent de se démon qui lui avait parlé lors de sa dernière perte de conscience, il ne pouvait qu’être terrifié par se spectacle alors qu’il savait dès à présent que sont esprit était prisonnier du voile. Zekal se leva alors avec l’énergie du désespoir et courut vers ce qui lui semblait soudainement être l’extrémité de la pièce. Son regard subjugué par l’étrange lumière qui émanait d’une étrange fissure, il courut en cette direction haletant par la fatigue qui le rattrapait dangereusement. L’elfe connaissait les effets du voile et il n’était point surpris de perdre aussi rapidement de son souffle. Ce qui était toutefois bon pour l’un l’était pour l’autre et dans cet infime réconfort il se réfugiait afin d’atteindre sa destination.

Le démon aux yeux d’un rouge écarlate ne pouvait s’empêcher de sourire à l’idée que l’exécrable créature elfique croyait lui échapper aussi facilement. Plus l’elfe accélérait, plus il avançait lentement sachant qu’inévitablement il le rattraperait, il avait après tout vécus en ces lieux depuis des millénaires, voire peut-être plus. Le démon se remémorait lentement son existence de mortel, il avait été un elfe à une époque bien reculée. Prince d’un royaume dont ses sujets l’avaient affligé du nom de monarque aux larmes d’argent. Ce fragment de mémoire était néanmoins la seule chose qu’il pouvait se rappeler sans assurément se tromper, trop de siècles s’étaient écoulés, trop de connaissances avaient été perdues. Il était l’un des premiers elfes, des créatures possédantes à cette époque une puissance psychique beaucoup plus importante que l’époque dans laquelle il avait réussi à s’introduire. Cependant, ses propres pouvoirs ne l’avaient pas préservé de la déchirure que le voile avait connue, son esprit avait été emprisonné dans les méandres de cet étrange univers et il avait alors été affligé du nom de démon. Il n’avait pourtant rien d’une telle créature, il possédait une puissante certes considérable, mais la seule chose qu’il désirait était de survivre, il avait erré plusieurs siècles à la recherche d’un elfe qui oserait commettre l’erreur qu’il avait commise, affronter le voile!

La créature avançait lentement, mais avec une agilité remarquable, la grâce était un point de référence qu’il n’avait nullement perdu, sa victime croyait sincèrement pouvoir échapper à sa puissance, mais elle se trompait. Zekal Vostros avait renoncé à la vie dès le moment ou il avait pensé achever son exécrable existence. Sans le savoir, il avait permis au démon de s’insinuer lentement, mais confortablement dans son esprit jusqu’à finalement expulser son âme de son propre corps. Ce ne fût certes pas une chose facile à exécuter, mais l’étrange humain qui les avaient emprisonnés avait facilité les choses en lui annonçant la destruction de tout ce qu’il avait aimé. Vahamon pouvait dès à présent achever son adversaire et prendre possession de son corps! Il ressentait à présent une émotion qu’il n’avait aucunement ressentie depuis plusieurs siècles, le sentiment de victoire, la jubilation aussi intensément délicieuse qu’intransigeante. Fronçant les sourcils, le démon leva les mains vers l’impuissante créature qui tentait de lui échapper et il l’immobilisa derechef puis le ramena jusqu’à lui grâce à sa puissance. Lorsqu’il ne fut qu’à quelques centimètres de lui, il le retourna afin de plonger sont regard à travers le sien. Les deux êtres se dévisagèrent, l’un empli d’un désespoir et d’une peur sans équivoque, l’autre jubilant d’un plaisir indomptable.

Zekal Vostros tentait de se dépêtrer de cette malencontreuse situation, le visage blêmit par la peur, il tentait d’asséner des coups de pied à son adversaire, mais malgré la longueur de ses jambes il ne parvînt qu’à tâter l’air qui les entourait bien inutilement. Se concentrant il invoqua toute la puissance du voile qu’il pouvait maîtriser, mais le démon était trop puissant et à chacune de ses attaques, le démon le contrait sans difficulté. Il se retrouvait piégé, entre les mains d’une créature beaucoup plus terrifiante qu’il ne l’avait imaginé. Le désire de mort qu’il avait éprouvée était dès à présent disparue, car ce que lui offrait le démon n’était pas une mort, mais bien une torture de son âme. Allait-il rejoindre les siens si sont âme périrait à travers le voile? Il n’en savait rien et ne désirait aucunement laisser un démon décider à sa place ce qui allait se produire. D’un geste désespéré il réussit à rompre l’étreinte magique qui le retenait prisonnier et lorsque ses pieds atteignirent le sol, il se jeta hargneusement contre son adversaire. Les poings levés il tentait de le frapper, mais ses coups était malencontreusement dérivé par la puissance de son ennemi, celui-ci utilisait sa magie afin de dévier les attaques du malheureux. L’elfe n’abandonna cependant pas le combat aussi facilement, d’un geste plus qu’audacieux il feinta un crochet vers la droite et avant que le démon eût le temps de deviner ses intentions, il se projeta tête première contre lui et lui fracassa violemment le nez à l’aide de son crâne. N’attendant pas que le démon reprenne ses moyens, il s’approcha de lui et dans une rage indescriptible, il le lui arracha la joue gauche à l’aide de sa dentition. Poussant un cri triomphal, il le frappa puissamment d’un coup de pied dans l’entrejambe et profita de la douleur du démon afin d’utiliser sa puissance magique.

Zekal Vostros souleva Vahamon à l’aide de sa magie et le projeta contre un mur qui se transforma soudainement en mur de brique. Un flash lui remémora alors une scène dans laquelle il avait lui-même été projeté sur un mur de brique dans cet étrange monde qu’était le voile, puis cette conclusion ne fît qu’alimenter sa puissance ainsi que son désire de survie. L’elfe maîtrisa férocement le démon en interrompant sa concentration et en le projetant de mur en mur, au fur à mesure que ses pensées étaient concentrées sur cet objectif, la pièce changeait de forme pour se transformer lentement à une pièce semblable à la cellule dans laquelle son enveloppe physique se trouvait présentement. Cette surprise fut suffisante afin de lui faire perdre la concentration qu’il avait acquise.

« Misérable, s’écria Vahamon d’une puissante voix rauque, que croyez-vous avoir accomplis en nous ramenant dans cette miteuse cellule! Vous ne comprenez rien à la puissance du voile, vous êtes incapable de la maîtriser! Vous ne pouvez me vaincre en ces lieux, Zekal Vostros, je suis l’incarnation de la haine de tous les elfes, je suis la puissance sommeillant en cette race dont l’existence remonte à plus de millénaires que vous ne pouvez en compter! Vous avez souhaité la mort de votre âme, je peux vous accorder ce souhait! Laissez-moi vous détruire, laissez-moi vous enlever toute parcelle de vie afin que vous puissiez reposer en paix. Vous ne pouvez plus rien pour se monde, vos proches sont tous mort, votre volonté s’atténue, je peux vous tuez maintenant ou vous enfermez dans le voile pour l’éternité! Croyez-moi, vous ne désirez pas vivre ce que j’ai vécu. Si j’ai pu m’infiltrer en vous, c’est que nous sommes tout deux semblables, nos personnalités n’ont jamais été très différentes, seuls notre morale l’est. Je désire plus que tout la libération de la race elfique et tout comme vous j’ai combattu pour mon peuple jusqu’à la mort! Ce que je pourrais faire dans le monde physique sans m’empêtrer de moralité est beaucoup plus important que tout ce que vous arriverez à faire. Abandonnez, Zekal Vostros! »

Des larmes coulèrent sur le visage de l’elfe, des larmes témoignant de la tristesse dont Zekal Vostros était affligé, au fond de son âme il savait que le démon avait dit vrai, il ne pourrait accomplir ce que lui pourrait accomplir. Son peuple avait besoin d’un être à la volonté de fer, d’un être qui ne s’encombrerait pas d’une moralité intransigeante. L’elfe baissa alors les bras, abandonnant ainsi toute résistance il marcha vers le mur de la pièce ou se retrouvait la dague avait laquelle il avait tentée de libérer son âme. Même en cet instant, il fût surpris par la puissance que recelait le voir, il fût complètement subjugué par se mystère. Prenant la dague, il s’aperçut avec un soupir de soulagement qu’elle n’était plus émoussé, mais bien aussi effilé qu’une lame de rasoir. Son corps ne tremblait plus, sa volonté en était ainsi faite, aucun remords ne semblait envahir son esprit, dans un geste cérémonial, il s’agenouilla face au démon et en fermant les yeux il se poignarda jusqu’au cœur. Aucun sang ne s’écoula de la blessure, mais l’âme de Zekal Vostros s’effondra dans l’obscurité du voile.

Ainsi était définitivement mort l’âme de Zekal Vostros, ainsi était véritablement née Vahamon. Transcendant le voile, l’elfe ouvrit les yeux, un sourire aux lèvres il était à présent libéré! Une cellule ne le retiendrait pas bien longtemps, il était à présent existant, il avait gagné! Le monde des hommes tremblerait devant lui, le monde physique était à sa porter, et bien que quelques souvenirs de son ancien hôte resteraient dans sa mémoire, son entière personnalité avait été effacée, il était dès lors l’être le plus déterminé de cette citée. Son sourire était sans le moindre doute triomphant, d’un geste il se rhabilla en sifflotant d’antiques chants elfique et lorsque vînt le moment de mettre le masque de fer, il éclata d’un sombre rire pouvant raisonner à travers la forteresse tout entière! Il était enfin libre de l’emprise du voile!

C'est d'un pas lent et pensif que la vampire quitta la cimetière, errant dans les ruelles souillées qui entouraient ce quartier désolé. Malgré son repas consistant, l'énergie utilisée pour catalyser sa première... boule de feu ou un amas de feu quelconque, s'était évaporée avec elle. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était de se coucher avant l'aube et d'éviter le levée de cet astre maudit qui la confinait dans les ténèbres pour l'éternité.

N'en pouvait plus de se traîner comme un pantin sans vie, la vampire se laissa choir dans un coin sombre d'une ruelle, assez bien camouflée entre des caissons de bois, et s'endormit aussitôt, bercée par des rêves sombres et rouges.

- Hé Miss! Ce n'est pas sécuritaire de dormir ainsi dans une ruelle... Les bandits sont chose courante ici... lui lança un homme en la secouant plus ou moins gentiment.

Aeilis n'avait pas la force d'ouvrir les yeux et espérait ardemment qu'il l'a laisse pour morte et qu'il reparte avertir les autorités concernées. Ce qui me donnerait tout juste le temps de déguerpir...Mais l'homme l'agrippa fortement par les épaules, découvrant son corps et sa robe teintés d'une substance pourpre et odorante. L'homme crut un instant tenir un cadavre entre ses mains, mais comprit qu'il avait tout faux lorsqu'il croisa le regard émeraude de la jeune femme.

La vampire réalisa alors qu'elle n'était pas tombée sur la bonne personne. L'homme en armure la jaugeait d'un air mauvais et appela rapidement du renfort en criant haut et fort qu'il avait une vampire entre les mains, une vampire qui arborait encore les preuves irréfutables d'un meurtre récent. Ses jambes se fendirent l'air à plusieurs reprises, tandis qu'elle siffla hargneusement entre ses dents. Rien à faire, les trois hommes la ligotèrent, lui couvrirent la bouche et la tête, avant de la traîner de force vers un lieu qu'elle connaissait bien... la prison.

Elle perdit le fil du temps, préférant focaliser son esprit sur le bruit de pas lourd et lent des hommes qui conduisaient à la milice. Un, deux, trois... Un, deux, trois... Et la ronde incessante recommençait, engourdissant la frayeur de la vampire qui était affolée à l'idée d'être tenue au cachot, torturée et privée de sang pour un temps indéterminé. Reprends tes idées idiote! Tu as des ressources, tu m'as moi! Cesse de te liguer contre moi et accepte moi comme ton alliée... Non, ne faisons qu'une!

La vampire fut brutalement jetée au sol et son visage rencontra rapidement le sol glacé, tandis que son esprit en ébullition reconnaissait cette odeur macabre. J'ai passé les quatre dernières années de ma vie humaine ici à souhaiter que la mort me prenne et voilà que j'y suis de retour, en sachant pertinemment que la mort ne peut plus rien pour mon salut!

- Reste tranquille créature immonde! Le chef viendra te voir quand il en aura envie!

La porte de fer se referma en grinçant et la serrure cliqueta pour témoigner de sa fermeture. Avant de quitter, les bottes lourdes s'arrêtèrent au plus loin et le garde lança une remarque à ce qui semblait être un autre prisonnier.

- Tu n'es plus seul l'Elfe! Quoique je préférerais être seul que de côtoyer une de ses créatures damnées qui empestent le sang!

Aeilis ricana faiblement et rit de plus bel en prenant conscience qu'elle était aux côtés de l'elfe qu'elle n'avait pas voulu sauver! Quelle ironie!

Le démon au masque de fer était agenouillé au bas de sa couchette, observant avec une habilité remarquable l’obscurité de la cellule dans lequel il était, preuve irréfutable que la nuit était déjà tombée. Le démon du voile n’avait aucunement conscience du temps qui s’était écoulé, il avait été suffisamment occupé par ses propres méditations qu’il n’eût pas encore remarqué le petit plat que lui avaient préparé les gardes de la milice. Avec un regard douteux, il observa la nourriture sous forme de bouillie et malgré la faim qui le dévorait, il projeta l’assiette contre un mur à l’aide de sa magie. Celle-ci se fracassa en mille morceaux, projetant l’étrange bouilli dans chaque extrémité de la pièce. Vahamon n’en avait cure, seuls ses préparatifs lui importaient, le plan que le dernier hôte de ce corps avait fait, bien que maladroit, n’était pas stupide. Plus le démon réfléchissait aux solutions qui s’offraient à lui, plus le plan de l’elfe qui avait habité ce corps lui semblait intéressant. Bien sûr ce plan comportait de nombreuses lacunes, mais l’objectif principal, celle d’exécuter soigneusement le Haut-Juge de Terrebelum et de prendre sa place par la force lui semblait être un plan direct et judicieux.

La justesse devait donc être de mise, avec l’aide de ses propres pouvoirs ils pourraient aisément mettre hors d’état de nuire les gardes qui se dresseraient devant lui, cette fois ils n’allaient pas avoir affaire à un imbécile qui se laisse transpercé volontairement par trois lances, mais bien à un démon possédant une rage alimentant chacun de ses gracieux mouvements. Il allait être à nouveau le monarque d’argent, protecteur des elfes contre les créatures primates sans ambitions. Il allait punir les traîtres de son sang qui s’était joint au rang des humains en leur infligeant des tortures psychologiques qu’aucun d’entre eux n’avait encore vécues. Il tuerait leurs progénitures devant leurs yeux, forceraient leurs femmes à observer la scène et dans un murmure suave il lui indiquerait à l’oreille que c’est sont maris qui en aurait ordonné l’exécution. Le démon était un être pervers et cruel dénudé de compassion, du moins lorsque celle-ci ne lui rapporterait rien. Il était prisonnier de sa malice, prisonnier de sa propre arrogance et de ses ambitions. Il était l’agent de la détermination, le dernier elfe à défendre l’honneur de sa race. Tout ce qu’il était n’était que sacrifice, il avait sacrifié sa bonté afin de défendre les siens, il avait sacrifié sa propre vie afin de sauver sa race.

Vahamon avait lamentablement échoué, son plan s’était retourné contre lui, enfermé dans le voile durant de si nombreux cycles, son esprit s’était désagrégé pour laisser place à un monstre de vengeance, une ignominie insensible à la souffrance d’autrui. Son regard était livide, à travers son masque de fer, ses yeux paraissaient asséchés, dénudés de toutes passions, il n’était animé que par des instincts sauvages de l’époque à laquelle il avait combattu les ennemis des elfes. Bientôt il s’élèverait de nouveau, face à l’adversité il endosserait volontairement l’image de la terreur afin de combattre le mal rongeant Terrebelum. Il détruirait la milice afin de libérer son peuple et il prendrait le contrôle de la cité afin de ressusciter la gloire des Elfes d’antan! Tel était son rêve, tel était son ambition, au-delà de ses propres désire, il était prêt à sacrifier toutes les créatures qui s’opposeraient à lui, car au-delà de la folie il était prêt à se sacrifier lui-même afin de réaliser ce rêve.

Reprenant sa méditation, l’elfe se rappela des derniers évènements qui avaient amené Zekal Vostros à se retrouver dans cette cellule, un concours de circonstances qui avait sans le moindre doute mal tourné pour l’elfe qui avait cru compter sur la surprise générale de la foule. Néanmoins, dans une certaine mesure les citoyens de Terrebelum avaient assisté à une démonstration de la cruauté des autorités face aux sous-races comme ils aimaient les appeler entre eux. Peut-être que cet évènement entrainerait les elfes et les nains à se révolter contre l’oppression des hommes. Après tout, chaque habitant de cette cité avait contribué à son existence, chaque peuple avait apporté une large contribution, excepté ceux des hommes qui ont pris ce qui ne leur revenait aucunement de droit. Vahamon maudissait intérieurement l’effervescence des humains au détriment de sa propre race, il sortait inconsciemment de sa transe et s’approchaient des barreaux de la porte de fer pour voir avec stupéfaction un visage familier approché accompagner de quelques gardes.

Avec un sourire dissimulé sous on masque de fer, le démon reconnus la vampire qui avait savourant durant un cours instant le sang de Zekal Vostros. Son regard ne cessait de détailler la créature qui consciente de l’ironie de la situation s’arma de sarcasme afin de le saluer. L’elfe resta un bon moment face à la créature qui la regardait, celle-ci semblait mal en point, du moins elle ne semblait pas blessée, mais le seul fait qu’une créature de son panache est été capturé lui représentait l’état dramatique dans lequel elle devait se trouver. Le soleil finirait inévitablement par se lever, et lorsque celui-ci apparaîtrait à l’horizon, la puissance de la créature de la nuit serait davantage diminuée. Elle devait se nourrir, cette constatation ne lui faisait aucun doute. Le maitre de l’esprit leva alors les mains vers le couteau avec lequel il avait tenté de se trancher la gorge, bien que la lame était émoussée, avec la force de sa magie il serait sans doute capable de percer la chaire faciale d’une créature telle qu’elle était. Avançant doucement, en prenant soins de garder sa concentration sur l’arme, l’elfe indiqua à la vampire d’observer l’arme qui flottait à ses côtés afin qu’elle soit avertie qu’une tentative malaisée lui coûterait cher. Sourire aux lèvres, que la vampire ne pouvait voir, le démon s’approcha davantage jusqu’à frôler l’impolitesse. Lorsqu’il fut assez près d’elle, il se pencha vers son oreille, comme elle l’avait précédemment fait avant qu’il soit capturé par Uldrick

«Buvez mon sang, dit-il sous un ton impératif, si vous désirez continuez votre deuxième vie vous aurez besoins de vos pleines capacités. Buvez de ce sang afin que je partage avec vous les évènements qui m’ont poussé jusqu’ici. Ensuite nous pourrons discuter si vous le désirez. »

Le démon était parfaitement conscient qu’il aurait pût narguer la créature qui se retrouvait devant lui, mais cette attitude n’aurait servie à rien, car elle était bien au courant de la situation dans lequel elle se retrouvait à présent. Du moins lui semblait-il. Dans un mouvement combinant les paroles aux gestes il amena son couteau juste au dessus de l’un de ses poignets et l’entailla rapidement afin que le sang puisse s’écouler. Avec un léger ricanement, il tendit son bras à la dame des ténèbres.

La vampire jeta, malgré elle, un regard étonné à la créature qui lui offrait son sang de façon si désinvolte, répugnant sa propre vie avec aisance. S'interrogeant sur la véritable nature de l'être qui se trouvait devant elle, Aeilis reconnut sa silhouette, car il ressemblait bien à l'elfe mourant dont elle avait léché le sang sur les toits. Par contre, son aura n'était plus la même et une puissance vengeresse semblait émaner de son âme, prête à abattre sa lame vindicative sur quiconque s'opposerait à son courroux. La créature des ténèbres n'était guère en mesure de se défendre et accepta le sang de l'elfe sans quitter son regard. Ses lèvres pleines vinrent se poser délicatement sur l'entaille du poignet et s'abreuvèrent à cette source de vie avec douceur, tel un baiser que l'on dépose sur une main. À la fois surprise et intriguée, la vampire goûta une essence ancienne et délicate, éveillant ses papilles d'une extase nouvelle, se régalant de ce sang unique qui n'avait pas la texture épaisse et terreuse des créatures d'aujourd'hui.

Revigorée, la rouquine se détacha lentement de la créature devant elle et le jaugea de ses prunelles verdâtres; de la curiosité plus que de l'arrogance. Aeilis se tint à une distance respectable de l'elfe et passa sa langue sur ses lèvres afin de recueillir les dernières gouttes qui perlèrent sur sa bouche.

- Je vous remercie de ce léger sacrifice que vous a couté la perte de votre sang... Je me questionne par contre sur la raison qui vous a porté à venir à mon aide... Je ne suis qu'une créature damnée après tout...

hj: désolé du court post, je dois aller travailler

HJ : Lorsque nous serons à l’extérieur, n’oublie pas de mentionner l’éclaire bleue dans le ciel se perdant au milieu de la mer d’Aschanan pour l’évènement! PS : Si tu le désires tu peux faire apparaître Uldrick dans ton prochain rp, le choix te revient modératrice XD par contre nous aurons des difficultés haha! Sa c’est pas peux dire!

Le démon observait la créature des ténèbres s’abreuver à l’extrémité de son poignet entaillé. L’elfe ferma les yeux un cours instant, savourant l’odeur de son propre sang mélangé au parfum naturel de la jeune femme. La créature du voile était incapable d’identifier véritablement le parfum émanant de la créature des ténèbres, mais il en savoura chaque effluve. Son regard d’un rouge pétillant pouvait être clairement visible à travers son masque de fer, dans un sourire dissimulé, il devait contrôler le plaisir qu’il éprouvait durant ce cours instant. Comment ne pouvait-il ne pas savourer la succion délicate qui parsemait à présent sont corps d’un étrange frisson, d’étranges désires qu’il n’avait nullement ressentie depuis des milliers d’années. Les désirs de la chair lui assénèrent d’étranges impulsions, cette même sensation qui, à travers le voile il n’aurait pût nullement ressentir. Néanmoins, il était un elfe, ou plus précisément il était l’esprit d’un être millénaire qui avait erré à travers le voile enfermé maintenant dans le corps d’un jeune elfe. Son peuple était à présent fragilisé par leurs propres désirs inassouvis, ils étaient les esclaves des hommes, les laquais des nains. Cette pensée chassa alors tous ses désirs malsains, il avait une mission à accomplir, un peuple à guider et plus que tout, une vengeance à assouvir.

Lorsque la créature des ténèbres relâcha sont mouvement de succion, l’elfe eu un léger gloussement perceptible à travers sont masque de fer. Maladroitement il tenta de le dissimuler en un grognement sonore qui ne fît sans doute que rendre la situation encore plus gênante pour la créature du voile. Celui-ci fronça les sourcils pour lui-même et déchira un pan de sa tunique avec lesquels il entoura délicatement la blessure qu’il s’était infligée afin de nourrir la vampire. Celle-ci l’observait à présent, dans son regard perlait le sentiment de plusieurs interrogations bien palpables et le démon du voile pouvait comprendre pleinement sont sentiment. Celle-ci ajouta à son regard interrogateur, une phrase mélodieuse perçant un soupçon de méfiance, du moins c’est ce que l’elfe ressentit à cet instant. Vahamon sourit bêtement, bien plus maladroit dans le contrôle de son nouveau corps qu’il aurait pût préalablement le croire, le masque de fer permit cette fois de le sauver d’un ridicule imagé lorsque celle-ci l’interrogea sur les motifs de son aide. Dans cette dernière élocution, il notait l’expression *créature damnée* avec un amusement certain, n’en était-il pas un de surcroît? Bien entendu, en ce moment la vampire ne pouvait pas comprendre avec profondeur de si lourde allégation envers elle-même : elle possédait un don bien plus important qu’elle ne le croyait, la damnation était un euphémisme venant de la bouche d’une telle créature! Vahamon sourit en imaginant ce qu’il aurait pût faire dans un corps possédant la puissance d’un vampire, il en aurait savouré chaque moment et ils auraient fait pleuvoir sur ces ignobles humains la vengeance du sang et de l’âme! L’elfe avança alors avec une détermination sans faille vers la créature qui se trouvait devant lui, ne s’arrêtant qu’à quelques centimètres de la jeune femme. Il releva alors sont masque, révélant sont visage qui avais repris toute sa sévérité.

« Créature de la nuit, lui souffla-t-il de sa voix rauque, tant que nous pourrons mutuellement partager l’honneur d’être alliés par choix ou par les circonstances, vous ne serez point une créature damnée. Nous sommes tous deux dans une situation précaire, à n’en pas douter, le soleil se lèvera bientôt… Ce qui impliquera sans doute une mort définitive envers votre personne. Pourquoi m’en soucierai-je? Une question que vous êtes légitimement en droit de me poser et que je vous répondrais volontiers. Vos talents sont précieux, votre puissance en tant que créature de la nuit ne peut pas être gâchée comme cela! Vous qui voyez cela comme une damnation, savez-vous ce que ma personne donnerait pour être dans un corps aussi puissant? Non, jeune demoiselle sans nom, vous ne pouvez pas mourir, car ce soir, avant que le jour soit levé, nous serons tous deux libres et dans notre sillage les cadavres de ses pitoyables miliciens s’accumuleront! »

L’elfe s’arrêta brusquement voyant qu’il s’était laissé emporté par ses émotions et sont enthousiasme, il se maudit intérieurement de jalouser les pouvoirs de la jeune femme. Un être aussi antique que lui n’avait aucun droit d’éprouver de tels sentiments qui étaient pour le moins parfaitement immature. Le démon du voile, reprit bientôt un air parfaitement serein, son corps fluctuant au même rythme que de ses pensées il recula de quelques pas puis observa de nouveau la jeune femme dans son intégralité. Il se dégageait véritablement d’elle un doux parfum qui ne faisait que déconcentrer exécrablement les pensées du démon. Encore une fois, la créature dut maîtriser ses pulsions dans ce tout nouveau corps, son anatomie ne réagissait malheureusement pas de la façon qu’il le désirait. L’elfe imagina alors le corps vigoureux d’Uldrick explosé dans un torrent de sang, vision d’horreur pour la créature moyenne, mais qui ne fit qu’alimenter le désir de vengeance de la créature. Il savait néanmoins qu’un combat contre Uldrick se résulterait en une défaite bien amère et que malgré l’aide de la vampire, cet homme était l’un des plus grands guerriers de Terrebelum. Tous le craignaient et le démon avait vu à travers les yeux de Zekal Vostros la puissance de ce personnage.

« Appelez-moi Vahamon, dit-il brusquement, nous sortirons de cet endroit avant que le jour ne se lève. J’aurais sans le moindre doute pu enfoncer les défenses de cette porte, ces idiots ne se doutent même pas de la puissance magique qui s’élèvera contre eux! Néanmoins, seul je n’aurais sans doute pas fait le poids… Et ce Uldrick, chef de la milice est d’une puissance impressionnante. Un véritable guerrier, mais j’ai bien peur que la magie n’ait que très peu d’effet sur lui. Le plan sera très simple, mais efficace : les corridors sont étroits ce qui permettra à ma magie d’avoir un effet plus concentré, votre rôle si vous en avez la force, sera de surveiller mes arrières et de tuer tout ce qui tentera de me faire perdre ma concentration. Je suis puissant dans le domaine que je maîtrise, néanmoins ce corps est fragile et j’ai bien peur d’être incapable d’atteindre mes limites dans cette carcasse! Si ma concentration est interrompue, vous devrez prendre la relève. Lorsque nous serons libres, je vous expliquerais exactement ce que je suis et les motifs qui m’ont amené jusqu’ici. Peut-être ferez-vous de même? »

Le démon du voile rabaissa soudainement son masque de fer, les bras juxtaposés le long de son corps, il se retourna vers la lourde porte. Faisant craqué chacun de ses doigts il émit un rire sinistre et s’avança lentement vers on objectif. Dans un geste gracieux, une puissante décharge d’énergie émana de son corps l’entoura sous la forme d’une protection. L’elfe testa ainsi les limites de sa puissance, d’un seul coup le cocon qui l’entoura explosa et la décharge d’énergie pénétra pleinement le démon du voile. Cette énergie lui procura une excitation et une passion encore plus agréable que tout ce qu’il avait pût ressentir durant les siècles qu’il avait passé à travers le voile. L’énergie lui traversa alors le corps jusqu’à atteindre l’extrémité de chacun de ses doigts, émettant un léger bourdonnement agréable à l’oreille du maître de l’esprit. Puis soudainement, l’être au masque de fer déferla sa puissance contre la porte qui lui bloquait le chemin, de sa main droite il fît sauter les gons de la porte et de sa main gauche il l’arracha sans aucune douceur.

« Le Monarque d’Argent est de retour, murmura-t-il pour lui-même alors que les deux gardes postés à la porte le chargèrent »

Pointant chacune de ses mains vers les deux gardes qui pénétrèrent dans la cellule, il les souleva lentement à l’aide de sa magie et les projetèrent tous deux contre le mur devant lequel la vampire se trouvait.

« Vide-les de leurs sangs, lui dit-il en pouffant de rire, leurs sorts fût scellé à l’instant ou ils ont crus avoir la prétention de capturer une vampire! »

Il fallait être fou pour espérer, voire désirer devenir une créature des ténèbres afin de d'atteindre cette puissance redoutable appartenant aux vampires. Jadis, ce pouvoir qui circulait en elle tel un torrent de violence était grisant, quasi extatique, jusqu'au jour ou cette même puissance absorbe chacune de vos cellules pour en prendre le contrôle et ainsi détruire ce qui vous tient le plus à cœur. Non, elle préférait être une mortelle faible et geignarde, plutôt que d'être son propre pantin dont les ficelles étaient tirées par ce ombre malsaine en elle.

Un faible rictus vint étirer les lèvres vermeilles de la vampire, tandis qu'elle écoutait les propos de l'elfe, transporté par ses talents qu'elle possédait et qu'elle répugnait à utiliser, usant même le terme damnation pour se décrire. Certains vampires sanguinaires se fondaient bien dans leur rôle, car ils étaient devenus des vampires sans cervelle, ni âme ou ni cœur. Bien malgré elle, son âme était encore intacte et ses émotions humaines aussi.

- Sachez Monsieur que ses présumés talents m'ont causé bien plus de torts que de biens... Je vous les donnerais volontiers si ce n'était que mon humanité est perdu à jamais... susurra-t-elle d'une voix teintée de tristesse, son souffle chaud rencontrant celui de l'elfe.

Ses prunelles émeraudes miroitaient des derniers rayons de lune, annonçant les premières lueurs du joue, cette doucereuse aube. L'elfe lui proposa une alliance afin de gagner leur liberté et bien qu'elle ait été tenter de décliner cette offre par pur orgueil, Aeilis sut qu'elle avait davantage à gagner et à apprendre si elle suivait cette créature mystérieuse et captivante.

- Soit, je vous suivrai Vahamon. N'ayez crainte, votre essence remarquable m'a permise d'acquérir les forces manquantes afin de quitter ce cachot puant! Tout milicien sur mon chemin sera indubitablement vidé de son sang et mes chères canines meurtrières seront sans pitié...

Ses lèvres formèrent un délicat sourire permettant à l'elfe d'entrevoir les redoutables canines d'Aeilis. La jeune femme se recula de quelques mètres, ce qui permettrait à l'elfe de faire ce qu'il se devait pour les libérer.

- Que le spectacle commence Vahamon... et moi, Aeilis, serai à vos côtés! ricana-t-elle les yeux plissés par l'exaltation à venir.

Lorsque Vahamon arracha la porte de fer hors de ses gonds, la vampire entraperçut les talents cachés de l'elfe, qui avait jalousé un instant passé les siens. Il n'avait rien à envier. Une bourrasque de vent fit virevolter les boucles rousses de la vampire, qui agrippa les deux miliciens par le cou et leur sectionna l'un après l'autre la jugulaire d'une volée. Animée par une soif de sang et de violence, la rouquine planta ses crocs dans le cou des deux hommes et but goulument le sang chaud qui se répandait sur le sol.

- Allons-y! lança-t-elle d'un ton amusé, tandis qu'elle essuyait sa bouche du revers de sa main.

La vampire suivait de près l'elfe qui ouvrait le passage, savourant cette effervescence de puissance qui émanait de leur duo et encore plus de son nouveau compagnon. Quatre gardes, armés jusqu'aux dents, se manifestèrent devant Vahamon et derrière la jeune femme. Affichant un air terrifiant, la vampire poussa un feulement grave et se jeta sur les deux pauvres miliciens qui la menaçaient de leur épée. La créature des ténèbres était bien trop rapide pour les deux hommes et ne virent que trop tard des ongles tranchants lacérant leur abdomen, les vidant de leur viscère. D'un geste précis, Aeilis s'empara de sa dague et leur trancha la gorge afin de les sauver d'une terrible agonie...

- Hé bien, voilà un carnage qui a coûté la vie de plusieurs de mes hommes, mais je m'en ressent aussi une certaine satisfaction. Pourquoi cela allez-vous me demander?

Un silence lourd s'en suivit.

- Je vais répondre à vos interrogations muettes... La colère du peuple,des haut gens et du gouvernement sera inconcevable lorsqu'ils apprendront la mort de pauvres miliciens en service, sauvagement tués par un elfe rebelle et une vampire sauvage. Tout cela pour une vengeance absurde, tant de morts par la faute de V-O-S sous-races et toute aberration qui peut exister. Une guerre raciale éclatera enfin! Et sera guidé par nulle autre que moi! lança Uldrick d'un ton hargneux et cruel.

Uldrick appela à lui des renforts et sortit de son fourreau sa précieuse épée.

- Jamais vous ne sortirez d'ici vivant... Et je vous signale que je prendrai mon temps, car le Soleil deviendra bientôt mon allié divin...

Vahamon ressenti l’énergie du voile traverser son corps, cette douce sensation provoquant en lui une passion débordante envers tout ce qui se dressait devant lui. Les murs de l’étroit couloir semblaient se dissiper peu à peu alors que l’énergie magique coulait dans ses veines, le démon du voile était à présent dans une concentration que nul ne pouvait perturber. Il ressentait chaque battement de son cœur, chaque battement du cœur de ses ennemis, les cris d’alarment qui s’élevait dans le couloir flottait tels des compliments à ses oreilles. Le démon d’argent souriait intérieurement à l’idée de faire davantage de victime, il jeta un coup d’œil derrière lui, voyant la somptueuse créature des ténèbres agir avec une grâce surhumaine, une grâce qu’il enviait. Alors que l’aube se rapprochait dangereusement, Vahamon n’avait que le sort de la vampire à l’esprit, le magnétisme de la jeune femme, la passion brûlante qui émanait de cette créature l’attiraient plus qu’il ne le souhaitait. Il combattait ce désire ardent d’étreinte la créature des ténèbres et de lui chuchoter à l’oreille que sont sang était sacré, mais il s’interrompit alors qu’une voix qu’il reconnu aussitôt s’éleva dans les couloirs de la forteresse.

Les battements du cœur du démon s’intensifièrent malgré lui, Uldrick Beverk lui faisait maintenant face à l’extrémité du couloir accompagné alors de deux autres miliciens. Lorsque le chef de la milice dégaina sa fine lame, le démon se retint d’émettre un cri de surprise. L’épée du misérable chef de la milice était sertie de puissante gemme d’antimagie. À l’époque reculée ou les elfes régnait en maître et ou Vahamon était connus sous le patronyme de Monarque d’Argent, les gemmes magiques étaient de puissants artéfacts pouvant sertir bouclier, arme et bijoux afin de leurs conférer certains pouvoirs. L’époque présente était néanmoins beaucoup plus sombre, rares étaient ceux possédant le pouvoir de sertir une quelconque arme et il comprit dès l’instant qu’il vit la lame de son ennemi, qu’elle avait appartenu à une lignée Elfique à présent éteinte. Le démon plissa les sourcils, la légende d’Uldrick Beverk était donc véridique, celui-ci possédait la puissance des elfes qu’il s’apprêtait à retourner contre eux.

Le discours que celui-ci avait tenu quelques instants plus tôt amusa grandement le démon du voile, n’était-ce pas ce que Zekal Vostros avait désiré provoquer? Une rébellion de la part des prétendues *sous-races*? Uldrick Beverk croyait véritablement surpasser la volonté des elfes et des nains? Croyait-il véritablement que la noblesse humaine pouvait se passer du savoir-faire des elfes et des nains? Cet écervelé n’avait aucune idée de la puissance des véritables elfes d’antan, cet abruti ne voyait que l’émergence de sa race au détriment de celle des autres. Il n’avait aucune compassion, mais l’elfe ne pouvait pas l’en blâmer, car il n’avait lui non plus aucune compassion envers l’humanité. L’humanité dans sont ensemble ne pouvait point être blâmé pour les agissements d’une minorité, Vahamon en était parfaitement conscient. Malheureusement, cette même minorité avait attiré sur elle-même les conséquences de leurs propres actions, il n’y avait aucun pardon possible envers une race volant le savoir d’antique race et les traitants par la suite comme de vulgaires esclaves. La rage du démon était à cet instant dans une impulsion croissante, un chemin vers l’obscurité de son âme se traçait au fur et à mesure qu’Uldrick avançait lentement vers lui.

L’elfe au masque de fer ne recula aucunement, sa peur s’était évanouie, son esprit analytique observait la situation sous tous ses angles. La vampire dos à lui s’occuperais de protéger ses arrières alors qu’il devrait retenir le puissant guerrier qui approchait dangereusement de la position qu’il contait défendre jusqu’à son dernier souffle. Vahamon retint un instant sa respiration, laissant l’énergie magique atteindre l’extrémité de ses doigts, il leva alors ses mains et s’exécuta dans un arc de 180 degrés face à Uldrick. L’énergie magique qui émana alors de son corps contourna habillement son adversaire qui levait son arme devant lui afin de se protéger, et la déflagration serpentant à travers le couloir frappa alors de plein fouet les deux acolytes qui se trouvaient derrière le commandant de la milice. Les deux hommes ressentirent alors une étrange sensation leur traversé le corps, les battements de leurs cœurs s’accélèrent, leurs poumons tentant de pomper un maximum d’aire s’arrêtèrent soudainement, et le sang qui était en eux implosa au contact de l’énergie magique. Le sang s’écoula alors de chacune des extrémités de leurs corps, ils s’effondrèrent sur le sol, impuissant tentant de survivre à cette déflagration magique tendis que le maître du voile éclatait d’un rire sinistre.

«Uldrick Beverk, prononça-t-il de sa voix étouffée par son masque de fer, vous aurez sur la conscience la mort de chacun de vos hommes, car de tous ceux qui se dresseront devant moi, aucun ne survivra! Votre épée appartenait aux elfes, à mon peuple et pour cette raison vous subirez le courroux et la vengeance du Monarque d’Argent! »

Le milicien chargea alors dans un cri de guerre qui résonna jusqu’aux extrémités du couloir, Vahamon se concentra alors de toute sa puissance, levant les mains devant sont adversaire il savait que sa magie ne pourrait aucunement arrêter celui qui s’élançait ardemment contre lui. Pourtant, l’elfe avait un plan et alors que le milicien n’était plus qu’à quelques centimètres de lui, prêt à abattre sa lame contre sa tête, il dirigea son énergie magique vers les armes des deux miliciens morts et les propulsa au dernier moment respectivement dans les deux jambes du chef de la magique. Surpris, celui-ci arrêta sa course puis s’effondrant à genoux il maudissait l’elfe de puissante injure. Reculant alors, l’elfe lui tourna le dos, il avait réussi à gagner du temps, du moins le pensait-il, il se retourna alors vers sa compagne, cette douce vampire lacérait les miliciens qui se présentaient à elle. Il espérait ardemment que la sortie se trouver à l’extrémité du couloir vers lequel la vampire se dirigeait, car Vahamon n’avait aucune intention de faire face à Uldrick Beverk. Jetant un dernier coup d’œil dans sa direction, il remarqua que celui-ci tentait de se débarrasser des deux lames fichées dans ses jambes.

L’elfe soupira lourdement avant d’avancer rapidement vers l’extrémité du couloir vers laquelle la créature des ténèbres avait aisément progressé. Lorsqu’il fut finalement à sa hauteur, l’elfe ne put s’empêcher de s’approcher d’elle et de lui chuchoter à l’oreille.

« Votre grâce n’a d’égale que votre puissance, lui dit-il dans un ricanement, nous devrions cependant accélérer le pas, car bien que j’ai ralenti Uldrick, je n’ai nulle intention de me mesurer à lui une deuxième fois. »

Tremblante de rage, Aeilis répugnait cet être sans scrupule, ce soi-disant chef qui menait ses hommes aveuglement vers leur perte, loin d’être déconcerté par leur mort inutile. Il aurait pu éviter ce massacre et toute trace de sang coulé s’il avait tenté de parlementer avec eux… Mais la vampire n’ayant jamais rencontré ce personnage ne pouvait comprendre la complexité et la subtilité de cet homme. Uldrick Beverk attendait le Soleil comme l’on espérait le châtiment divin pour toutes les créatures damnées et aberrations du genre. Pour la créature des ténèbres, il n’y avait nul dieu et encore moins de foudre divine pour la terrasser; seulement qu’un astre radieux qui, par un hasard déconcertant, pouvait causer sa mort dans de terribles souffrances. Mais cette mort était un leurre, car jamais elle n’irait rejoindre les siens… Lohan ne lui accordera point son salut.

Une larme de sang perla sous ses paupières et disparut aussi rapidement qu’elle était apparut. La vampire feula à l’intention du milicien, un son rauque et grave s’échappa de sa gorge, et ses muscles se tendirent de colère à la seule pensée que cet homme pourrait réussir à les annihiler. C’était l’une de ses rares occasions où la jeune femme craignait pour son éternité, car malgré son aversion sur son état; elle souhaitait vivre avant tout. Vahamon lui fit un bref signe de la tête pour lui indiquer de continuer à longer le couloir et trouver cette foutue sortie qui leur permettrait de se sauver… Tout cela, avant le levée du jour!

La vampire jeta un coup d’œil inquiet vers l’elfe masqué et retint un hoquet de terreur en voyant le chef de milice s’élancer vers lui. Elle allait intervenir, lorsqu’elle vit que c’était inutile; son compagnon venait d’exécuter un arc dans les airs et deux épées se fichèrent immédiatement dans les jambes de l’homme, freinant ainsi sa course. L’elfe la rejoint aussitôt et Aeilis ne put cacher l’émotion dans son regard; elle était impressionnée par sa performance. Que pouvait-il bien être véritablement? Elle goûtait encore son sang sur sa langue, un élixir unique, presque sacré et son âme frissonna de plaisir à la seule pensée qu’il affluait dans son corps.

« Votre grâce n’a d’égale que votre puissance, lui dit-il dans un ricanement, nous devrions cependant accélérer le pas, car bien que j’ai ralenti Uldrick, je n’ai nulle intention de me mesurer à lui une deuxième fois. »

La rouquine eut un faible sourire pour la remarque de son compagnon et lui emboîta le pas afin de sortir de ce trou à rat! Grâce et puissance correspondaient aisement (et malheureusement) à tous les vampires…Ils coururent et débouchèrent sur un cul-de-sac. Le rire cruel d’Uldrick résonna à leurs oreilles et Aeilis fut instantanément submergée par un excès de fureur, qui lui brûlait les entrailles, à un point tel qu’elle peinait à respirer.

- Je n’ai pas survie 200 ans pour faire amende de mes fautes pour qu’un dérangé saccage tout ce que j’ai fait! J-AM-A-I-S, tu m’entends UL-DRICK!

Les traits déformés par une rage de vivre, Aeilis s’abandonna à ce courant pétillant qui embrasa chaque cellule de son être, déferlant en elle une énergie dévastatrice. Hurlant un mélange de douleur et de furie, la vampire sentit le feu qui s’accumulait entre ses paumes jointes. Un inquiétant aura rougeâtre entourait ses mains, dégageant une chaleur bien réelle.

- Vahamon! Combinons notre énergie et sortons de ce trou! Relâchons au même moment notre puissance vers ce mur, en espérant qu’une brèche apparaitra pour notre liberté… souffla-t-elle, son regard émeraude enveloppant celui de l'elfe.

C’est ainsi qu’au même moment, ils relâchèrent une énergie destructive vers le mur de pierres. Un tourbillon de feu, enveloppé d’une force invisible, se rencontrèrent et fusionnèrent parfaitement, éclairant le couloir d’une déflagration lumineuse. Une brèche apparut alors entre la poussière et la fumée, révélant un passage assez large pour un homme…

Le démon ressentait l’urgence de la situation, il ressentait la douce brise de puissance parcourir son corps jusqu’à lui glacer le sang, jusqu’à lui démontrer la justesse de sa cause. Il était l’antique Monarque d’argent, l’ultime incarnation du souverain de la royauté elfique. Du moins l’avait-il été 1 millénaire plus tôt, le démon n’était qu’à présent qu’une entité du voile, dont les siens n’avaient aucunement curent. Il ne pouvait, en toute légitimité, leurs en vouloir pour avoir oublié l’histoire de son existence. Par ailleurs cela lui convenait parfaitement car par ses erreurs un démon l’avait enfermé dans le voile et avait pris son corps comme il l’avait précisément fait à l’encontre de Zekal Vostros. Néanmoins le monarque d’argent avait été consentant lors de cet échange, car l’esprit d’un elfe beaucoup plus puissant qu’il ne l’était lui, lui avait promis qu’il préserverait son peuple contre les conquêtes du peuple des hommes. Le Monarque d’Argent avait tombé exécrablement dans le piège, jeune et irréfléchie cet acte de compassion envers les siens lui avait semblé comme étant la moindre des choses pour sauver son peuple. Hélas, le démon elfique était motiver par des désires beaucoup plus personnel et pendant que son peuple guerroyait contre les hommes, il déclara son indépendance et aida à briser les antiques royaumes elfique.

Le Monarque d’Argent avait assisté impuissant aux massacres de son peuple, à l’esclavage de celui-ci et bien qu’il avait tenté de guider les magiciens qu’il rencontrait à travers le voile, ceux-ci le chassait comme si il n’aurait été qu’un vulgaire esprit maléfique. Son passé était aussi brûlante que la flamme passionnée qui animait à présent ses actions. Vahamon était dénudé de la moindre compassion, dû moins dressait-il un mur mental afin de lutter contre sa propre gentillesse. Il avait possédé le corps de Zekal Vostros, le forçant à la contrainte et bien qu’il le faisait pour le bien de son peuple, bien qu’il avait tué l’âme de ce dernier avec cette seule et unique justification. Il lui paraissait maintenant improbable de mourir, il ne le pouvait pas, non parce qu’il était immortel mais bien parce qu’il devait accomplir se pourquoi il était revenu. Sa détermination était une arme tout aussi puissante que les griffes acérés de la vampire, il était le Monarque d’Argent, il avait donc le devoir de restituer la gloire de son peuple passé.

Son regard était à présent d’un rouge écarlate, ses délicates mains pleinement ouverte laissait entrevoir ses paumes rosé à quiconque daignait les regarder, son corps immaculé de l’énergie du voile semblait vouloir imploser à tout moment. Cette sensation, comment avait-il pût l’oublier? Cette maîtrise de l’énergie magique avait été au centre de son existence durant plus d’un millénaire et alors qu’il était à présent réincarné, il là ressentait dans une intensité différente, bien palpable entre ses mains. Le maître de l’esprit ferma les yeux un cours instant, il devait ressentir les battements de son propre cœur, il devait profiter de chaque moment comme si il s’agissait du dernier. Alors que devant lui la vampire s’agitait et que dernière lui, Uldrick approchait, il était là à l’entrebâillement d’un couloir à vivre comme il n’avait jamais vécu, à savourer la magie qui hantait son sang sacré. L’image pouvait sans doute être grotesque pour l’inculte qui l’observait, pour l’humain moyen son éclat de rire pouvait sembler être prêt d’une quelconque folie.

Mais ceux qui auraient la prétention de le croire, abandonnerait bien rapidement cette dernière pensée, il était d’une acuité intellectuel bien présente. Les mots de la créature des ténèbres, il en perçut chacun d’entre eux comme si il s’agissait d’un quelconque signal. Sans même se retourner vers Uldrick, Vahamon avança au commende de la vampire et lorsque celle-ci projeta un torrent de flamme vers le mur de la forteresse, il savait exactement ce qu’il devait faire. Dans un rire démesuré, l’elfe s’élança dans le torrent de flamme, utilisant ses propres pouvoirs tel un bouclier, il leva la main gauche afin qu’elle traverse allégrement les flammes de la vampire. Soudainement, au dernier moment, le démon du voile relâcha son bouclier et entoura les flammes de la jeune femme de sa puissance. Ne faisant qu’un avec l’énergie magique, il la contrôla habillement de sorte à la guidé vers un point précis du mur, puis de sa main gauche il força l’énergie magique à exploser contre le mur. Ce même mur explosa dans une fissure suffisamment grande pour qu’Aeillis et Vahamon puisse aisément retrouver la liberté.

Lorsque la vampire tentât de s’élancer la première, le démon l’arrêta fermement à l’aide de son énergie magique. Sans la moindre explication, il retira rapidement sa noble tunique et la donna à la vampire afin que celle-ci puisse se couvrir des rayons du soleil. Sa propre nudité ne le gênant aucunement, il fût surprit de voir la réaction des miliciens qui les suivaient, bouche-bée d’incompréhension alors que celui-ci s’en amusait fortement… Peut-être même un peu trop. Les deux alliés de circonstances passèrent le mur et fût accueilli par les premières lueurs de l’aube. Sans réfléchir, il empoigna le bras de la vampire et la guida vers l’ombre d’un bâtiment afin qu’il puisse souffler quelques secondes. La vampire n’en avait certainement pas besoin, mais lui à présent être de chaire, devant reprendre ses forces car l’énergie qu’il avait employé l’avait assurément épuisé.

Alors que l’elfe reprenait son souffle, il leva les yeux vers le ciel et avant même qu’il ne puisse ouvrir la bouche, une puissante déflagration apparut dans le ciel sous forme d’éclair bleuté frappant vers ce qui lui semblait être le milieu de la mer d’Aschanan.. L’utilisateur de magie tentât de comprendre ce que c’était, l’évènement qui n’aurait dû que durer quelques secondes, semblait perdurer. Il jeta un léger coup d’œil par-dessus son épaule, et vis Uldrick tout aussi bouche-bée qu’eux devant se spectacle. Celui-ci, accompagné de ses miliciens restèrent immobile, certains se jetèrent à genoux afin d’implorer leurs Dieux. La population de Terrebelum s’agita sous le bourdonnement assourdissant que provoquait cette magie, les nombreux elfes et nain des décombres crièrent à la fin des temps.

Des soldats accoururent enfin vers Uldrick, l’un d’eux lui chuchota des paroles imperceptible, alors que d’autre tentait d’appeler la population au calme. Tapant du pied, Uldrick empoigna le soldat qui lui avait parlé à la gorge puis le souleva de plusieurs centimètres. La scène dura quelques secondes avant qu’il ne le relâche avec un certain étonnement. Au même moment, une seconde déflagration encore plus puissante que la première traversa le ciel au-dessus de Terrebelum puis explosa directement au-dessus d’eux. Un rocher enflammé frappa de plein fouet quelques maisons des décombres, enflammant tout sur son passage. Les habitants plongèrent sur le sol en tentant d’éviter les débris qui explosait en tout sens.

Le bâtiment au-dessous duquel se trouvait le démon et la vampire s’effondra brusquement ravagé par les flammes. Dans une ultime déflagration de ses pouvoirs, Vahamon se propulsa vers la vampire afin que tous deux puissent échapper aux débris enflammé. L’elfe, n’ayant que son masque de fer pour ce couvrir, inspecta quelques secondes son corps afin de s’assurer qu’aucune partie de son corps ne manquait puis tendît la main à la créature des ténèbres. Prenant un morceau de tissus sur le sol, il recouvrit certaine partie importante de son anatomie puis jetant un dernier coup d’œil vers l’éclair bleu qui plongeait vers la mer, il observa sa compagne un long moment avant de finalement s’adresser à elle.

« Bien que je sois une créature ayant survécu à travers le voile durant plus d’un millénaire, lui dit-il ahurie, je n’ai jamais été témoins d’un tel phénomène au pare avant. Noble dame des ténèbres, je crois que nous devrions partir avant que les miliciens ne se remettent en chasse. Nous devrions peut-être nous rapprocher des quais afin d’observer plus ardemment ce qui se passe. Et surtout, nous devons vous trouvez un abris pour vous abritez de cette damné lumière du jour qui semble percé le ciel aussi ardemment que l’énergie bleuté. »

Une zébrure bleutée embrasa le ciel déjà rosit par les premières lueurs du jour et suivit d’une puissante déflagration, qui fit écho aux oreilles de la vampire, à la manière du tremblement de mille de tambours. Aeilis se remémora pour aucune raison apparente, l’une des discussions qu’elle avait eu avec son créateur durant les premières années de son existence.

Aeilis savourait le sang d’un jeune orphelin en compagnie de son créateur, lorsqu’un questionnement persistant interrompit son repas. Ses prunelles auréolées d’un rouge rubis se posèrent sur le vampire à ses côtés et ce dernier vit l’interrogation dans son regard.

- Oui, douce Lys?

- L’on sait tous d’où viennent les humains. Un homme et une femme s’accouplent et créent un petit bout de chair tout comme eux, lança-t-elle en remuant le corps inerte du gamin entre ses bras, mais d’où proviennent les vampires? Quelle créature nous a mis au monde?

Le maître la regarda longuement, n’osant lui dire que personne ou presque n’avait la réponse exacte à cette question. Les rumeurs étaient abondantes, mais pas toutes vraies…

- C’est une admirable question. Peu d’entre nous connaissent la vérité sur notre origine, seulement les élus sont réellement au courant. Mais, paraît-il qu’il y a une île dans la mer d’Aschanan et elle serait le berceau des vampires…

Déçue du peu d’informations, la vampire haussa les épaules et planta de nouveau ses canines dans la peau tendre du gamin. Des élus? Un jour, elle en serait une et découvrirait le motif de leur naissance…

Ce souvenir n’était que le premier d’une série de rappel que lui ferait sa mémoire, comme si l’éclair avait ouvert une porte sombre sur son passé. La vampire longeait le mur d’un édifice, dissimulée sous la cape de Vahamon et s’amusa de ce tableau comique qu’était la nudité de l’elfe au sein d’une population paniquée. Elle le remercierait plus tard pour ce geste bienveillant à son égard et se surprit par les images indécentes qu’elle imaginait afin de le remercier convenablement.

C’est alors que l’enceinte qu’ils longeaient, s’effondra sur eux et tandis que de lourdes pierres se précipitaient dans leur direction, la rouquine fut pousser hors des débris par son compagnon. Une de ses jambes était à présent exhibé à cet astre qui s’éveillait et la jeune femme sentit une faible brûlure sur sa peau blanchâtre. L’aube n’était pas le danger, mais bien l’avertissement que l’ennemi prendrait bientôt des forces et pourrait la réduire en cendres en quelques minutes. Vahamon lui proposa de se rendre au quai et la vampire accepta sans hésiter, car cet endroit regorgeait de caisses de bois et de baraques; idéal pour se cacher du Soleil.

Ils se dirigèrent d’un pas rapide vers les quais, et prenaient parfois de courtes pauses lorsque la vampire réalisait que l’elfe était aussi épuisé qu’elle le serait une fois le Soleil à son zénith. Il pesait déjà lourd sur ses épaules et son âme de damnée. Sa peau, bien enveloppé dans un un tissu épais, la lancinait au rythme des battements de son cœur et elle craignait qu’elle s’embrase à l’instar d’une étincelle dans une motte de foin.

- Il faut trouver un abri à tout prix Vahamon et c’est mon corps en état de cendres qui virevoltera sur la mer d’Aschanan… ricana-t-elle d’une voix épuisée

Arborant toujours ses vêtements amples de mage, les elfes et les nains l’avaient jaugés du coin de l’œil tout en poursuivant leurs besognes, il régnait encore ici une sévère agitation, comme si quelques chose d’important c’était produit un peu plus tôt dans la journée.

_ La prudence est importante en toutes choses durdyn, oui en toutes choses, mais sans prises de risques, tu n’obtiens rien. La patience, oui la patience est la seule prudence dont tu dois te prémunir. Oui maîtresse, oui maîtresse…
Il se répétait ces phrases qui l’aidaient dans ses réflexions, comme si il était en communication avec quelqu’un alors qu’il était seul. Un plan, voilà se qu’il lui fallait et qui plus est un plan sans failles. Il avait fait l’inventaire des sorts qu’il avait en mémoire, puisse le voile être de ce coté ce soir car sa marge de manœuvre allait être limitée. Le jeu en valait la chandelle.

Passant entre deux bâtiments, il passa son bâton dans son dos, prenant appuis sur le rebord d’une fenêtre il grimpa en un bon sur le toit du bâtiment délabré. Il l’avait bien choisit, la maison lui donnait une vue d’ensemble sur les rues principales de décombres. Il resta planté là quelques heures, comptant patiemment, fidèle à l’adage qu’on lui avait enseigné.

_ Trois… Le tour est fini

Trois patrouilles faisaient successivement le même itinéraire, tandis qu’une quatrième semblait chercher quelqu’un ou quelques chose. Les trois premières rentraient et trois nouvelles s’en suivaient. Une mesure vraiment renforcée, voilà qui n’était pas là pour l’aider.

Il était temps de régler les derniers détails car cette milice semblait vraiment agitée en cette soirée et tout ou tard la quatrième patrouille allait arriver dans l’endroit ou il se trouvait se qui n’aurait pas été pour l’arranger.

Plaçant une main devant lui, il leva son index, puis replia son pouce, recommença deux fois, ouvrit sa main puis la referma. Pour les êtres qui auraient pu le regarder, rien ne se serait produit. Pour le maître aguerrit du voile qu’il était, plus sensible encore de par sa nature de vampire, il avait senti l’air frémir autour de lui… L’assurant de la réussite de son sort d’aura cadavérique, se protégeant ainsi d’une quelconque divination ou autre sorts mineurs d’identification qui aurait visés à percer sa véritable nature et à repérer sa position.

Alors qu’ne première patrouille passait il sauta rapidement sur le toit suivant, y atterrissant avec souplesse le plus silencieusement possible. Il recommença l’opération deux fois, la nuit le couvrait, il termina sons dernier atterrissage par une roulade sur l’épaule. Il avait parcouru une dizaine de mètres distançant honorablement la patrouille qui n’avait rien remarquée.

Il se plaqua à plat ventre sur le toit alors que la deuxième arrivait à sa hauteur dans la rue. A peine l’avait elle dépassé qu’il prenait son élan pour sauter sur un nouveau toit. Il aimait cette sensation, l’instant précis ou son corps était dans le vide, cela lui donnait l’impression de voler, un sentiment de puissance agréable.

_ Et de deux

Il s’agrippa au bord d’une corniche en bois et se laissa tomber dans une rue perpendiculaire à la principale. L’écart entre le bâtiment suivant et celui ou il se trouvait étant trop grand, il devait la traverser par le bas. La troisième patrouille allait arriver à sa hauteur, il se plaqua dans l’encadrement d’une porte, se faisant aussi immobile que possible. La patrouille dépassa, il sourit, mais à ce moment précis il se sentit basculer en arrière, quelqu’un venait d’ouvrir la porte derrière lui. Une elfe, surprise, recula de quelques pas dans le couloir de la masure ou elle vivait, la coïncidence avait fait qu’elle ouvre sa porte au moment précis ou le vampire c’était appuyé contre. Ne perdant pas une seconde, Durdyn attrapa son baton et avec un mouvement rapide, il lui en donna un violant coup dans les jambes, la faisant basculer sur le sol, la tête de l’elfe heurta un des murs du couloir, en cassant le bois fragile.

Dyn’ se redressa et ferma aussitôt la porte. Se retournant vers l’elfe il la vit se mettre en position assise, frottant sa tête ensanglantée, visiblement sonnée par le choque. A la vue du sang il sentit un frisson parcourir son échine, une sensation bien connu accompagné d’une violente pulsion : l’irrésistible envie de mordre. Néanmoins il se retint, pour l’instant, il posa une main sur la tête de l’être et incanta rapidement.

_ Nostranos, nostras, sommellonas excepiant

L’efle ferma ses yeux et plongea dans un profond sommeil pour une heure. Il examina l’endroit ou il se trouvait, il y avait une porte un peu plus loin sur sa droite et un escalier qui menait à un étage. Il n’était plus très loin de son objectif : le cimetière. Il ne devait rien laisser au hasard, il entrouvrit de quelques millimètres la porte à sa droite, il y avait un être dans la pièce, il sentait son cœur battre et à en juger par l’odeur plus salée, il devait être de sexe masculin, le compagnon de la femme elfe peut-être. Une vive lumière emplissait la pièce à cause d’un feu qui trônait dans une bassine en cuivre remplit de charbons et de bois.

Il entendit la porte grincer et l’elfe appela.

_ C’est toi chérie ? Tu es revenue ?

Le vampire ne le répondit pas, attendant quelques secondes que l’homme revienne à son occupation, un livre, il poussa la porte rapidement et en trois foulés, il lui sauta dessus. L’elfe leva la tête une fraction de seconde trop tard… Le visage décomposé par la peur, la bouche grande ouverte, il n’eu pas le temps de dire le moindre mot, dyn’ le contourna et passa un bras sous son menton, autour de son cou, l’autre sur sa tête.

Donnant à l’ensemble une torsion rapide, usant de toute sa force de vampire, il y eu un craquement terrible. L’elfe qui voulait se débattre un peu plus tôt retomba mollement sur sa chaise, les yeux exorbités et ingurgités de sang, la bouche baveuse, le vampire venait de lui tordre le cou. Durdyn examina la pièce, l’intérieur était aussi laid et en piteux état que l’extérieur. Les murs de bois étaient miteux par endroit, des copaux de bois en tombaient sur le sol qui était de terre. Des rats s’y baladaient librement, il y avait une table bancale, trois chaises, les restes d’un repas misérable, un pichet en fer tordu remplit d’eau et ce chaudron ou un timide feu brulait. Le plafond n’avait pas l’air bien solide et de grosses poutres le soutenaient par endroit car à d’autre elles c’étaient brisées.

Le vampire attrapa le pichet et en jeta le contenu dans le chaudron, éteignant ainsi le feu qui le dérangeait, la pièce plongea dans l’ombre. A présent il restait l’étage.

* Trois chaises, il doit rester encore une victime *

Il sortit et grimpa à l’étage, il y avait une seule grande pièce, il y avait un grand lit et un petit dans lequel se trouvait un petit être endormit, une fenêtre ou l’on avait accroché plusieurs rideaux déchirés, une grande armoire dont les portes ne fermaient plus. L’enfant elfe… Il ne fallait laisser aucun témoins derrière soit, il sortit sa dague et frappa rapidement, tuant l’enfant dans son sommeil sans autres formes de procès. Il se dirigea ensuite vers la fenêtre pour estimer le chemin qu’il lui restait à accomplir, écartant les rideaux il observa au loin la bâtisse de la milice et un peu plus loin, le cimetière. Il n’était plus si loin de son objectif. Il sourit.

* Un petit encas ne serait pas de refus *

Après tout il n’était pas pressé par le temps, les patrouilles étant passé, il aurait le temps de repartir avant les prochaines si tout se passait bien. Il attrapa les draps sals du grand lit et descendit, jetant un coup d’œil à la femelle elfe qui était toujours endormi il lui dit.

_ Je reviens, je m’occupe de ton compagnon et ensuite se sera ton tour ensuite

Revenant dans le salon, il s’assura que sa deuxième victime n’avait pas bougée. Dyn’ pose les draps qu’il avait prit à l’étage sur une chaise et se mit à fredonner une musique dont lui seuls connaissait la provenance, une mélodie rappelant les grands et bals des nobles il y a quelques siècles plus tôt. S’accordant quelques pas de danses il continua à la fredonner, plaçant ses mains comme si il avait une femme dans ses bras qui dansait avec lui. Puis, visiblement joyeux il regarda le cadavre de l’elfe.

_ Ne vous en faite pas très cher, je ne vous ai pas oublié.

[i]Il reprit les draps et poussa du pied l’elfe mort sur le sol, il fit un nœud coulissant solide et enserra les pieds du cadavre dedans. Le vampire tira ensuite sur plusieurs poutres du plafond pour s’assurer de leurs solidités, lorsqu’il lui parut avoir trouvée la plus solide il passa l’autre extrémité des draps et tira sur ses bras successivement. Pendant ainsi le cadavre la tête en bas. Lorsque sa tête tordue ne toucha plus le sol, il attacha l’extrémité à la grosse table bancale.

_ Vous aimez la vue ?

Il sortit sa dague et pratiqua des entailles sur le corps, du sang y afflua, il y trempa un doigts et le porta à sa bouche.

_ Parfait, il faut le boire frais vous savez, c’est meilleur… Mais dans votre cas vous allez voyager un peu avec moi.

Il attrapa le pichet sur la table et le plaça sous le cadavre pendu, l’orientant de manière à se qu’un maximum de sang coule à l’intérieur.

_ Je vais vous laisser un peu seul très cher, votre compagne m’attends et vous devez sans doute le savoir : on ne fait pas attendre les dames.

Il retourna dans le couloir et s’accroupi devant l’elfe endormit. Elle n’était pas vraiment belle, malgré sa race pourtant. Ses cheveux étaient mal entretenue, et son visage pourtant jeune semblait déjà usé par le temps et des travaux difficile. Elle portait une robe verte délavée et un manteau ample à colle par-dessus, sans doute pour se prémunir du froid puisqu’elle s’apprêtait à sortir.

Il s’assit devant elle alors qu’elle commençait à s’éveiller, portant instinctivement ses mains à sa tête qui saignait encore. Dyn’ s’approcha d’elle et lui murmura à l’oreille

_ Bien dormie ? Je vous aurais bien invitée à danser mais… Je suis un peu pressé par le temps, vous voulez bien qu’on brule un peu les étapes ?

L’elfe voulue crier mais aussitôt le vampire plaqua une main sur sa bouche.

_ Je vais prendre ça pour un oui

Dit –il en souriant alors qu’il laissait apparaître sa dentition et ses deux canines de vampire. Il s’approcha de son cou la plaquant contre le mur, elle commençait à se débattre en vain, la force du vampire parvenant à l’immobiliser d’une seule main, plaquée en sa bouche. Il dégagea ses cheveux et déchira le colle de son manteau, lui penchant la tête sur le coté. Elle se mit à gémir et se débattre comme une folle, toujours en vain.

_ Chuuute, ça ne fait pas mal, enfin, pas trop

Il planta ses crocs dans sa jugulaire, s’abreuvant de son sang au goût sucré et à la saveur un peu âpre, elle venait très certainement de manger quelques heures plus tôt. L’elfe fit de moins en moins retissante, fermant ses yeux et abandonnant les coups misérables de ses poings ridicules sur le torse du vampire. Elle frémit, soupirant, les poisons des crocs lui donnant une impression de plaisir alors qu’inéluctablement la vie quittait son corp.

Les yeux de dyn’ rougeoyant de délice s’apetissaient alors que le corps de l’elfe cessa de battre. Il se retira, essuyant sa bouche et ses dents dans le manteau de l’elfe. Se sentant pousser des ailes après ce festin, il se redressa elle retourna dans la pièce annexe. Le pichet était à présent presque plein, il le ramassa en prenant garde à ne pas se tacher dans la marre de sang qu’il y avait tout autour. Il ouvrit son manteau et sortit plusieurs fioles qui étaient accrochées à l’intérieur, ainsi qu’un petit sac de poudre. Il jeta une poigné de la poudre dans le pichet de sang, l’agitant d’un mouvement rapide, il remplit successivement les fioles et les remit en place.

_ J’espère que c’est un honneur pour toi de voyager avec moi.

Il monta ensuite à l’étage observer par la fenêtre ou en était les patrouilles, le temps qu’il s’occupe des habitants de la mesure, deux patrouilles on due passer, l’heure est presque à la relève, il ne doit pas perdre une seule seconde. Il sortit discrètement par la porte d’entrée, laissant les corps derrière lui, s’élançant dans la nuit déjà bien entamée, il arriva au cimetière sans encombres.